DE VOUS À NOUS
DE VOUS À NOUS
Comment les formules mathématiques ancestrales, structurées dans la nature ou l’architecture, irriguent-elles encore la composition graphique contemporaine ? En quoi le nombre d’or, les grilles modulaires de l’École de Bâle et les lignes de force de la perspective constituent-ils des dispositifs à la fois perceptifs, esthétiques et conceptuels ?
Le nombre d’or (Φ ≈ 1,618), visage mathématique visible dans la spirale des coquillages, les proportions humaines et la peinture de la Renaissance, permet encore aujourd'hui de structurer l'esthétique des images. Les cours de design contemporains l’utilisent comme outil pour construire des mises en page adaptatives, intelligibles, équilibrées et esthétiquement cohérentes, notamment dans le paysage numérique réactif où il supplante parfois les grilles modularisées. Une étude récente menée au Liban a même comparé la perception esthétique entre règle des tiers et golden ratio : il en ressort que, chez certains, le ratio doré favorise une organisation perçue comme plus équilibrée et élégante.
La grille modulaire, telle que formalisée par l’École de Bâle, à travers Müller-Brockmann et ses successeurs, transforme la page en système visuel. Divisée en colonnes et lignes, cette grille permet une régularité typographique, un alignement rationnel, et devient à la fois outil de composition et de pensée graphique. Elle est aussi enseignée désormais via le CSS Grid Layout Guide dans le web design, où elle structure le responsive design par répétitions modulaires contrôlées.
Enfin, les points de fuite et lignes de force, hérités du dessin perspectif, agissent comme vecteurs visibles ou invisibles ; ils dirigent le regard vers un point focal. Ils dépassent la technique illustrative, et deviennent potentiels compositionnels que les designers exploitent pour orchestrer le mouvement visuel ; qu’il soit frontal (dans l’édition ou la publicité) ou interactif (dans le digital et la datavisualisation).
L’idée n’est pas de sacraliser les ratios ou systèmes, mais de repenser comment la composition peut naître de structures mathématiques transformées en souffle visuel. Composer, c’est composer en raison autant qu’en sens.